Le CISSS Montérégie-Est reconsidère l'embauche d'une femme en surpoids
Le CISSS de la Montérégie-Est revient sur sa décision de ne pas embaucher une femme de Marieville qui présente un surplus de poids comme aide de service. Marie-Josée Landry avait été informée quelques minutes après avoir signé ses papiers d'embauche conditionnelle que sa candidature était finalement rejetée.
Marie-Josée Landry a reçu hier des excuses formelles du CISSS de la Montérégie-Est, qui a accepté de reconsidérer sa candidature pour le poste. Il faut savoir que tous les entretiens d'embauche avaient été faits par téléphone, sans qu'on ne l'ait jamais vue en personne. Le CISSS lui a confirmé que son indice de masse corporelle trop élevé était la seule raison du rejet de sa candidature, en raison des risques pour sa santé.
La femme de 32 ans, qui n'a aucun problème de santé connu, jugeait avoir été discriminée en raison de son poids, même si ce n'était pas écrit mot pour mot. Le courriel de rejet indiquait qu'elle n'avait pas été retenue, car « sa condition physique pourrait affecter son assiduité au travail et mettre sa santé à risque », mais « qu'il en va de soi qu'advenant une amélioration de sa condition avec une preuve médicale », sa candidature pourrait être reconsidérée.
Marie-Josée Landry accepte les excuses du CISSS et est heureuse du dénouement de la situation. Elle compte poursuivre le processus d'embauche dans l'espoir d'avoir le poste, car elle veut toujours aider.
« C'est quand même une belle attention somme toute. Mais s'ils avaient prévus d'avance toutes leurs procédures, on n'en serait pas là. Mon intervention aura servie au final à apporter des changements au niveau des critères de sélection. Je suis assez fière. Ce n'est pas parce qu'on a un surplus de poids qu'on n'est pas apte à travailler. »
- Marie-Josée Landry
LE CISSS S'EXPLIQUE
Le porte-parole du CISSS de la Montérégie-Est, Hugo Bourgoin, assure que l'organisme ne fait aucune discrimination par rapport au poids dans le choix des candidats. Il explique d'abord que l'embauche était conditionnelle à la réussite du bilan de santé, qui a été réalisé après l'entrevue. Madame Landry n'avait aucun problème de santé connu.
Par courriel, il ajoute toutefois qu'exceptionnellement, en raison de la pandémie de COVID-19, on avait demandé à la candidate son poids et sa grandeur, ce qui ne fait normalement pas partie des questions posées. C'était pour calculer son indice de masse corporel, car s'il est supérieur à 40, et c'est son cas, elle est considérée comme une personne plus à risque.
« Les établissements de santé et de services sociaux travaillent avec les recommandations émises par l'Institut national de santé publique du Québec qui considère certains groupes plus vulnérables à des risques de développer une forme grave d'infection à la COVID-19. Parmi ces groupes, il y a notamment les personnes âgées de 70 ans et plus ou immunosupprimées. Les personnes dont l'IMC est supérieur à 40 font aussi partie de ces gens jugés plus à risque. Dans le cas qui nous concerne, ces recommandations ont été suivies à la lettre. »
- Hugo Bourgoin, porte-parole du CISSS
Le CISSS reconnait toutefois maintenant que « les candidatures doivent être considérées dans leur ensemble, que les candidats doivent être avisés des risques et faire l'objet d'une analyse médicale au besoin. » L'établissement a donc confirmé à Marie-Josée Landry qu'il souhaitait poursuivre le processus d'embauche, si elle a confirmation médicale permettant à l'employeur « d'assurer une saine gestion du risque pour sa santé avec elle et son médecin ».
ENCORE DU TRAVAIL À FAIRE
Le cas de Marie-Josée Landry n'est pas unique. Elle a d'ailleurs fait appel à Edith Bernier, auteure et militante pour prévenir et agir contre la grossophobie, afin qu'elle l'accompagne dans ses démarches auprès du CISSS. Cette dernière exploite un site web qui vise à mieux informer les gens sur la problématique.
Mme Bernier estime qu'il reste encore beaucoup de travail à faire pour éliminer la discrimination basée sur le poids au Québec.
« Je trouve ça fantastique que le CISSS se soit rétracté et qu'ils aient décidé d'ouvrir la porte à sa candidature, mais la situation est que là, on lui remet encore un peu la charge dessus, dans le sens qu'elle doit démontrer, avec un médecin, qu'elle n'est pas à risque. Il y a tout l'aspect de la grossophobie médicale qui peut entrer en ligne de compte. [...] C'est une bonne nouvelle, il faut reconnaître les pas dans la bonne direction, mais le combat n'est pas gagné. »
- Edith Bernier, militante
La militante avait d'ailleurs lancé une pétition à l'automne dernier à l'Assemblée nationale pour que la Charte des droits et libertés de la personne soit modifiée afin d'y inclure la discrimination basée sur tout critère lié à l'apparence physique. Elle n'a pas eu de suivi alors que la période de signatures et son dépôt ont coïncidé avec le début de la pandémie.
Pour plus d'informations afin de mieux comprendre la grossophobie, ou pour des ressources d'aide si vous en êtes victimes, consultez Grossophobie.ca.