Marwah Rizqy estime que le ministre de l'Éducation mérite la mention «échec» pour son bilan d'année


(Point de presse de l'Assemblée nationale | Capture d'écran Noovo Info)

Alors que la fin des classes approche, la députée libérale Marwah Rizqy, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation et d’enseignement supérieur, estime que le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, mérite la mention «échec» pour son bilan d'année.

En point de presse jeudi aux côtés du chef par intérim du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, Mme Rizqy a affirmé qu'elle attribuait la mention «échec» à Bernard Drainville concernant plusieurs dossiers, dont celui de la maternelle 4 ans, des bris de services, la vétusté des écoles et de la violence dans les écoles.

Mme Rizqy s'est rapidement attaquée au dossier de la violence dans les écoles multipliant les demandes d'accès afin d'obtenir les informations sur cet enjeu auprès de différents centres de services scolaire et auprès de différents corps policiers.

«J'ai sollicité le ministre de l'Éducation, qui ne me croyait pas. Ce n'est qu'après plusieurs demandes d'accès et que j'ai pu dresser le portrait de la présence des armes à feu dans les écoles et qu'il a mis sur pied un comité de travail, dont j'ai été exclue», déplore-t-elle.

 

La députée libérale est d'avis également que Bernard Drainville n'a pas travaillé à établir un climat de travail sain pour les enseignants.

«On n’a jamais eu autant de demandes à la CNESST de la part du personnel scolaire pour des indemnités. Le chiffre a pratiquement doublé», a affirmé Mme Rizqy.

Voyez un extrait de son point de presse au bulletin Noovo Le Fil 17 dans la vidéo qui accompagne ce texte.

La députée libérale rappelle du coup que le réseau scolaire québécois comporte environ 30 000 enseignants non légalement qualifiés, ce qui représente, selon elle, un autre échec de Bernard Drainville.

«Selon le dernier rapport de la Vérificatrice générale du Québec, les données existent au ministère de l'Éducation, mais personne dans les fonctionnaires n'a décidé de colliger l'information qui selon moi est la plus cruciale, soit le profil scolaire des enseignants», a-t-elle affirmé.

«Après on s’étonne que pour la première fois en 10 ans, 52% des élèves aient échoué en orthographe», déplore Mme Rizqy.

À voir également : Des enseignants «non qualifiés» légalement, est-ce la solution pour les écoles du Québec?

 

Lors de la période des questions à l'Assemblée nationale, la députée libérale est revenue sur le sujet en s'adressant au premier ministre François Legault, qui n'a pas pris la parole. C'est le ministre de l'Éducation qui a plutôt réagi à sa question: «Le redressement commence quand en éducation?». 

Ce dernier a plutôt rappelé les principales mesures prévues dans le projet de loi 23, pour améliorer le système de l'éducation.

En réponse, Mme Rizqy a notamment déploré les nombreux départs des enseignants qui sont épuisés et l'inaction du gouvernement face à cette «hémoragie». 

«Lors de la dernière convention, on a conclu l’augmentation des salaires […] et aussi des bourses de 1500$ par année», a fait savoir le ministre Drainville.

«L'éducation a toujours été et sera toujours pour moi la priorité, en particulier les enfants qui ont des difficultés», a réagi le premier ministre Legault à la question du chef du Parti québécois, Paul Saint-Pierre Plamondon.

Une réforme «n'est pas nécessaire»

En lien avec les consultations qui s'amorcent sur le projet de loi 23 réformant la gouvernance scolaire, Marwah Rizqy est par ailleurs d'avis que le milieu de l'éducation n'a pas besoin d'une deuxième réforme.

 

Mme Rizqy estime qu'il faut travailler à garder les enseignants légalement qualifiés en poste en améliorant notamment l'accès à la permanence.

«Ce n'est pas d'une deuxième réforme en éducation qu'on a besoin. Il faut arrêter l'hémorragie. On perd des enseignants légalement qualifiés chaque année», a souligné jeudi la porte-parole libérale en éducation, Marwah Rizqy.

Du côté de Québec solidaire, la députée Ruba Ghazal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation, a souligné en point de presse jeudi que «personne n'a demandé une réforme de structure».

«La CAQ est obsédée par la réforme de structure, centraliser le pouvoir, que ce soit avec la réforme en santé, la réforme Dubé et maintenant la réforme en éducation. On veut rebrasser des structures puis donner plus de pouvoirs au ministre», a-t-elle dit soulignant que ce processus ne ramènerait pas plus de profs ou de professionnels dans les écoles.

«Ce que les parents veulent en septembre, l'année prochaine, c'est avoir l'assurance qu'il va y avoir des profs qualifiés, des profs de qualité, qui ont de la formation,  pas un secondaire V, devant la classe de leurs élèves. C'est à ça que s'attendent aussi les profs, mais il n'y a rien dans la réforme de Bernard Drainville qui va permettre ça, rien», a affirmé Mme Ghazal.

La député de Québec solidaire déplore aussi la présence du «système à trois vitesses» dans le secteur de l'éducation; le privé, les projets particuliers et «l'école ordinaire».  Mme Ghazal déposera une motion jeudi pour forcer le gouvernement à reconnaître la réalité de «l'école à trois vitesses» et à admettre «qu'elle nuit au réseau et nuit à la réussite des enfants.»

Si le projet de loi 23 est adopté, le ministre de l'Éducation obtiendrait le plein pouvoir de nommer les directeurs généraux des centres de services scolaires, de casser leurs décisions ou de les limoger.

«On continue de travailler et d'ajouter des ressources. On ne peut pas claquer des doigts pour avoir des enseignants», a dit le premier ministre lors de la période des questions.

«La bonne gestion c'est que le ministère suive des objectifs, mais laisse le choix des moyens localement. Quand les résultats ne sont pas bons, il faut avoir se donner le pouvoir de changer les personnes [au niveau des décisions] pour une meilleure gestion», a mentionné M. Legault. 

«Si on veut que les enfants réussissent, on agit tôt.»
-François Legault, premier ministre du Québec

Concernant l'interdiction des cellulaires, le gouvernement va se pencher sur «les pour et les contre», a confirmé M. Legault.

 

En collaboration avec Audrey Bonaque pour Noovo Info