Le bras de fer perdure entre des mairesses et maires de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et Québec, alors que les négociations visant à partager les déficits des sociétés de transports en commun piétinent.
Valérie Plante, Catherine Fournier, Stéphane Boyer et Lise Michaud ont dénoncé d’une seule voix, mardi, lors d’un point de presse, le «silence radio» du gouvernement Legault qui n’a offert aucune mise à jour depuis la contre-offre déposée le 24 octobre dernier.
Mme Plante a assuré que son administration allait tout faire afin de ne «pas toucher aux offres de service». Mais l’absence de toutes communications entre les élus municipaux et Québec, plus particulièrement la ministre des Transports Geneviève Guilbault, inquiète.
La mairesse de Montréal a indiqué qu’il n’y a eu «aucun coup de téléphone ni discussion» alors que les villes doivent dans les prochaines semaines boucler leur budget. «On n’a aucune idée qu’elle sera la part du gouvernement», a-t-elle ajouté.
On exige de la part du gouvernement Legault une réponse «d’ici jeudi» ou du moins une «nouvelle contre-offre le plus rapidement possible».
Actuellement, le gouvernement propose une enveloppe d’environ 500 millions $ pour aider les sociétés de transport collectif, ce qui permettrait d’éponger environ le cinquième de leur déficit appréhendé sur cinq ans. Les municipalités estiment que ce montant est «largement insuffisant pour répondre aux besoins».
Avec la pandémie et l'essor du télétravail, le déficit structurel des sociétés de transport en commun s'est accru. Les villes plaident qu'elles ne peuvent pas financer 80 % du déficit structurel tandis qu'elles n'ont pas le droit de faire des déficits.
Au moment où l’achalandage remonte vers son niveau prépandémique, le @GouvQc ne peut pas se désengager du financement du #transportcollectif. @GGuilbaultCAQ doit envoyer le signal clair que le transport collectif est pris au sérieux. Les municipalités ont accepté de participer…
— Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) (@CMM_info) October 31, 2023
La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a aussi critiqué l’absence de développements dans le dossier. Elle désire obtenir des réponses de la part de Québec et rappelle que «le transport collectif est une responsabilité partagée entre les municipalités et Québec.»
«On ne peut pas être rigoureux sans les chiffres qu’on attend», a lancé Mme Fournier.
Même son de cloche chez le maire de Laval, Stéphane Boyer, qui affirme que le «temps presse». «On est David contre Goliath et Goliath dit: “prenez le fardeau”», a-t-il illustré.
À Laval, l'écart à combler serait de 30 millions $ avec le scénario présenté par la ministre des Transports, a donné en exemple le maire Goyer. «Trente millions, c'est la croissance de mon budget total pour la ville, pour tous les services: pour le déneigement, pour l'entretien des parcs, pour l'entretien des immeubles, pour toutes.»
«Ce n'est pas acceptable, ajoute M. Goyer. On ne peut pas digérer ça en dedans de quelques semaines.»
Que dit Québec ?
La réduction de service demeure l’un des principaux enjeux dans cette affaire qui dure depuis plusieurs mois. Des scénarios mis au jour la semaine dernière prévoyaient entre autres la fermeture du métro de Montréal à 23h. Certaines sociétés de transport ont aussi averti qu’elles seraient forcées de réduire la fréquence de passages de certaines lignes d’autobus en l’absence d’une aide supplémentaire de Québec.
La ministre Guilbault a avancé il y a quelques jours que son cabinet est «au rendez-vous» dans cette situation et qu’une nouvelle proposition gouvernementale devait être faite éventuellement.
La ministre assure qu'il est possible de réduire les dépenses des sociétés de transport, sans effet négatif sur les services, ce que contestent les municipalités. «Je suis assez certaine qu'il y a d'autres façons d'économiser qu'en fermant le métro ou en demandant au gouvernement de payer 75 % des déficits d'exploitation.»
Au Parti québécois, on juge que l'offre de la ministre Guilbault est insuffisante. «Le gouvernement traîne la patte, n'est pas prêt à prendre le leadership sur cette question-là», déplore Joël Arseneau, le porte-parole du troisième parti d'opposition en matière de transport.
Manon Massé, de Québec solidaire, s'inquiète de voir les sociétés de transport collectif être contraintes de réduire leurs services. «On dirait que la CAQ ne réalise pas que les travailleurs et travailleuses de toutes les classes sociales prennent l'autobus, le métro, le transport en commun, pour aller au travail, pour porter les enfants à la garderie, pour se déplacer.»
Le premier ministre François Legault a par ailleurs tempéré jeudi dernier les attentes quant à cette nouvelle offre. Il a affirmé que la gestion des transports collectifs relevait des villes et des municipalités. «Nous, on participe, on va continuer de participer au financement, mais c’est important aussi que les villes, les municipalités, participent», a-t-il mentionné.
Avec des informations de Stéphane Rolland, La Presse canadienne