Équiterre a déposé, mardi matin, plus de 6000 bouteilles de plastique devant l’Assemblée nationale à Québec pour demander au gouvernement Legault de bonifier sa réforme de la consigne.
«Au Québec, ce sont plus de 2 millions de bouteilles de plastique par jour qui sont gaspillées dans les sites d’enfouissement, en plus de celles qui se retrouvent dans la nature. Ça, c’est environ 6 000 bouteilles toutes les 5 minutes», a dénoncé Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez Équiterre. «On veut rappeler ces chiffres, car il y a une inadéquation entre ce qui est proposé par le gouvernement et ce dont on a besoin pour éviter le gaspillage des contenants de boisson.»
La réforme, annoncée en septembre 2023, prévoit que la grande majorité des contenants de boisson consignés passeront à 10 sous l’unité dès le 1er novembre.
La consigne sera également élargie à toutes les boissons vendues dans des contenants d’aluminium entre 100 millilitres à 2 litres. Selon l'organisme, cette réforme est jugée «inadéquate et décevante».
«Le message qu’on envoie au ministre de l’Environnement et au gouvernement c’est que nous avons la chance de développer un des meilleurs systèmes de consigne au monde, mais que ce qui nous a été présenté jusqu’à maintenant n’est pas suffisant. On espère que le tir sera corrigé.»
Selon l'organisme, le montant de la consigne est trop bas et par conséquent la population est moins encouragée à les retourner. Cela affecte ainsi les taux de récupération seront grandement affectés.
Il propose par exemple, comme dans une étude menée par le gouvernement en 2015, d'augmenter la consigne à 35 ¢, permettant ainsi d'atteindre un taux de retour de près de 90% pour les contenants de plastique et de verre.
Équiterre dénonce également la lenteur du gouvernement à implanter sa réforme et au déploiement total de la la consigne en 2025. Du 1er novembre 2023 jusqu’en mars 2025, plus d’un milliard de contenants de verre et de plastique seront éliminés. C’est beaucoup trop, dit-on.
«On doit intégrer les bouteilles de plastique dès que possible au système de consigne. Il s’en trouve en masse dans l’espace public, à preuve la quantité amassée par les valoristes de Québec en quelques jours», a estimé Simon La Terreur, président du CA de Valoristes Québec.
Et les contenants réutilisables?
D'ailleurs, la consigne ne serait pas le meilleur moyen pour répondre aux objectifs de récupération. Équiterre soutient que les contenants réutilisables, dont la bouteille de bière en verre, devraient être plus utiliser et permettraient réduire les matières résiduelles.
En 2009, 83 % des bières embouteillées au Québec l’étaient dans des contenants à remplissages multiples (CRM) en verre. Cette proportion a chuté à 32% en 2017 et la situation s’est aggravée pour atteindre 15 % en 2022, selon des données de l’Association des brasseurs du Québec.
#Consigne | Il y a une inadéquation entre ce qui est proposé par le gouvernement et ce dont on a besoin pour éviter le gaspillage des contenants de boisson.
— Équiterre (@equiterre) October 31, 2023
Il n’est pas trop tard pour proposer un système de consigne réellement ambitieux @CharetteB. pic.twitter.com/Tct3IKM4ia
«Équiterre s’inquiète de voir le peu de place et de ressources allouées aux CRM et espère que le gouvernement planche sur des solutions pérennes pour ce système qui a fait ses preuves sur le plan écologique et économique», a mentionné Mme Côté.
Voyez l'entrevue complète avec Karel Ménard, directeur général du FCQGED, au bulletin Noovo Info 17.
Deuxième phase en 2025
Une deuxième phase sera enclenchée le 1er mars 2025 alors que tous les contenants de boisson de 100 ml à 2 litres conçus d'aluminium, de verre ou de plastique seront consignés.
C'est donc dire que les bouteilles de lait, d'eau, de vin ou autres spiritueux seront consignés.
Pour l'instant, les machines de consignes ne seront pas remplacées chez les détaillants, a indiqué l'AQRCB. L'organisation travaille actuellement avec les fournisseurs de machines pour que les codes barres à l'intérieur de ces équipements soient mis à jour, en prévision des nouvelles canettes qui seront consignées à partir du 1er novembre.
Le gouvernement du Québec avait annoncé son plan de consigne élargie en janvier 2020.
L'AQRCB appliquera le principe de responsabilité élargie des producteurs (REP), «selon lequel les entreprises qui mettent sur le marché des produits sont responsables de leur gestion en fin de vie». L'association a d'abord été créée, en octobre 2021, dans le but de représenter les entreprises dans l'élaboration des nouvelles mesures de consigne.
Avec les informations de Julien Denis pour Noovo Info et pour La Presse canadienne